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    Notes de lecture

    De Eddie Tambwe Kitenge, professeur des Universités, chercheur/enseignant en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC, en sigle et dans la suite du texte). Editeur, par ailleurs.

    Sur le plan philosophique et culturel, les sociétés contemporaines semblent désormais façonnées, structurées par un paradigme central : celui de l’information et de la communication. Le constat est perceptible dans toutes les sphères sociales : dans toutes les activités humaines, dans les relations interpersonnelles, dans le couple, dans les organisations, dans l’entreprise, dans l’école et l’enseignement, dans la pratique politique, dans les mœurs…

    Nous vivons ainsi dans un univers dans lequel les concepts « information » et « communication » sont devenus des maîtres mots, les deux termes et les réalités qui s’y rattachent ayant envahi chaque parcelle de l’activité humaine. Le principe privilégierait l’écoute, la négociation, la discussion, l’échange, au détriment de l’autorité traditionnelle, de la bonne vieille hiérarchie issue du management classique et vertical.

    Dans ces conditions, au plan technique, il n’est plus excessif d’affirmer que le monde est bel et bien entré dans l’ère de l’information, telle prédite des siècles auparavant par quelques chercheurs historiques en SIC. Il s’agirait d’une société qui fait un usage intensif des réseaux d’information, des technologies de l’information produite à profusion. Nous y sommes, dans cette société, à la lumière de l’expansion des médias : livre, journal, radio, cinéma, télévision, téléphone portable, toutes les applications, tous les concepts issus d’Internet et ceux relevant, plus largement, de la communication numérique…

    Avant d’entrer réellement dans le livre-vedette du jour, commis par le « très digital » Patient Ligodi, qu’il me soit permis de rappeler que l’histoire générale des médias nous enseigne qu’à chaque média correspond un modèle économique, donc un modèle d’organisation sociale. C’est pourquoi, aucun média n’a jamais fait disparaître un autre, comme certains prophètes de malheur (je pense à McLuhan) le soutenaient. Dans l’histoire des médias de masse, il n’est jamais question de disparation. Mais d’évolution et de transformation.

    De ce point de vue, le livre-vedette du jour, commis par le « numérique » Patient Ligodi, nous fait entrer de plein pied dans la nouvelle économie théorisée par le courant intellectuel de la sociologie dite « le post-industrialisme ». Je vais évoquer, à cet effet, un vieil auteur autrichien, Fritz Machlup, injustement très peu cité de nos jours, qui, dès la fin des années 1950, a posé les premiers jalons de ce que l’on appellera plus tard « l’économie de la connaissance ». Réflexion qui se poursuivra dans les années 1960, 1970, avec des auteurs comme l’Américain Daniel Bell et le Français Alain Touraine, qui, tous, vont théoriser sur un nouveau type de société dite – société postindustrielle – qui aurait pour principale caractéristique la subordination des éléments matériels (matières premières et machines) à des éléments immatériels (connaissance et information) dans l’organisation sociétale.

    Définie de cette façon-ci, la société postindustrielle est portée par la société de l’information, elle impose un modèle qui dépasse celui, plus classique, de la société industrielle qui, elle, était basée sur la prééminence du matériel sur l’intelligence, du hard sur le soft.

    On voit donc ici les liens dialectiques entre ces concepts : société de l’information, économie du savoir, société de la connaissance, capitalisme cognitif, société industrielle… Ces concepts marquent une nouvelle phase de l’histoire économique dans laquelle nous sommes entrés depuis quelques décennies. Rappelons opportunément que la Journée mondiale de la Société de l’information a lieu tous les ans le 17 mai, selon l’adoption par l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies.

    C’est aussi le lieu de rappeler que la société décrite dans le livre de Ligodi n’aura été possible qu’à la suite des facteurs techniques suivants : l’alliance entre l’audiovisuel et les télécommunications ; l’alliance de l’informatique et des télécommunications ; l’alliance entre l’informatique et l’audiovisuel ; le développement du langage numérique ; et, enfin, la propagation d’Internet.

    Dans ce contexte technologique, les médias conventionnels vont subir des bouleversements technologiques qui vont modifier leur nature et leur essence. Le principe du multimédia va aussi « modifier » le fonctionnement de chaque média ; notamment de la presse écrite comme le montre Patient Ligodi. Internet est à la base d’une remise en cause profonde de l’organisation de la pratique journalistique, dans la mesure où, aujourd’hui, aucune entreprise de presse ne peut se passer des nouvelles techniques, comme le soulignait un grand patron de presse, Jérôme Seydoux. Je le cite : « Aujourd’hui, le problème de tous les quotidiens sera de se placer, comme la télévision et le cinéma, dans la révolution numérique.  Il faudra se moderniser ou souffrir »

    Le numérique a bousculé un certain nombre de pratiques journalistiques, par l’apparition des phénomènes nouveaux tels :

    –       la désintermédiation : la fin ou la remise en cause de la fonction de filtrage qu’assuraient normativement les médias de média) ;

    –       l’hypertextualité et nouvelle écriture : la fin de la linéarité de l’article, la fin de la dialectique pyramidale dans le récit ;

    –       les polyphonies énonciatrices : devenant un phénomène partagé, l’énonciation se dilue dans le flot des échanges multipolaires, l’émetteur n’étant plus unique, mais pluriel comme des fantômes d’un film d’horreur ;

    –       la problématique des sources : le journaliste professionnel perd son magister dans sa fonction de « maître des sources », au sein de la société de l’information ;

    –       l’élargissement des publics : la fin de la distributions traditionnelle, imposition de l’élargissement à l’infini des publics…

     L’auteur est conscient de tous ces défis qui, favorisant la surinformation, conduisent à la désinformation en ligne (fake news), bref à la pollution qui, de nos jours, n’est plus seulement environnementale.

    Après un rappel de quelques notions de base en journalisme et un « Aperçu du système médiatique congolais », le livre de Ligodi objective les phénomènes dans la société congolaise et dans le monde. Dans la partie réservée à « l’expérience congolaise », l’auteur a le mérite d’illustrer, in situ, le phénomène fake news à travers acteurs et situations. Ne se contentant de dénoncer, en praticien reconnu, dans le pays et « in the world », Ligodi esquisse une véritable « stratégie de lutte », comme un bréviaire pour tout journaliste, conventionnel et/ou en ligne… J’attire également l’attention du lecteur sur les chapitres 6 et 7, respectivement relatifs aux défis de la formation et de la régulation.

    Etant de l’ancienne école, donc encore friand de la présence physique, je voudrais exprimer à l’auteur et au public présent, mes regrets de participer virtuellement à la cérémonie de vernissage d’un livre aussi important sur le plan théorique et sur le plan de la pratique professionnelle. Un pari que nous – chercheurs en communication – ne réussissons pas toujours. Je suis donc fier de Ligodi, ce produit brillant de l’Ifasic, pardon de l’Unisic.

    Sur ce, on dit en pareilles circonstances, je souhaite un avenir fructueux à ce bel ouvrage édité du fin fond de la Belgique, dans la région wallonne de Wavre, par un éditeur au nom curatif Mabiki…

    Je vous remercie

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