Décidément, il n’aurait pas fallu que Patient Ligodi rencontra Achille Bundjoko. Ma vie d’enseignant-chercheur aurait sans doute été bien moins mouvementée, qu’elle ne l’a été ces cinq derniers jours.
Alors que je découvrais avec grand intérêt et une très vive passion « Pollution de l’information : Fakenews et journalisme dans le monde et en RDC », écrit pas l’un et préfacé par l’autre, , j’ai reçu, le samedi 18 mai dernier, la demande, que dis-je, l’ordre d’être celui qui devant cette auguste assistance, devait répondre à la délicate question suivante : « pourquoi est-il nécessaire pour le public d’acheter et lire ce nouveau livre ? », non pas préfacé par le professeur Bundjoko, mais Co-écrit par lui, Thémbo Kash et Patient Ligodi, sous le titre évocateur de « Sociologie du journalisme des problèmes publics à la croisée des discours carricature et élection présidentielle en RDC», livre fraichement sorti, une fois de plus, de presse aux éditions MABIKI (pourquoi changer une équipe qui se comporte comme celle qui va gagner pour la 15ème fois la coupe aux grandes oreilles la semaine prochaine, au grand bonheur de l’un des auteurs, lisez sur mes lèvres ).
J’ai donc dû interrompre la lecture de Pollution de l’information pour entamer les 280 pages de. « Sociologie du journalisme des problèmes publics » afin d’être en mesure d’en dire suffisamment pour vous intéresser et pas assez pour vous inciter à l’acheter pour le lecture, entièrement.
Ce sont donc mes premières impressions de lecteur que je partage ici avec vous.
Le moins que je puisse en dire, est que les auteurs ont bel et bien été à la hauteur des deux principales promesses qu’ils ont tenues et qui sont contenues dans le titre du livre.
La promesse d’engager et de s’engager dans une sociologie du journalisme des problèmes publics et celle de croiser trois types de discours dans une même narration.
En effet, Dans une étude consacrée aux discours journalistique saisi par la sociologie des rôles, Nicolas Kaciaf (2009) rappelait non sans pertinence que l’approche sociologique des médias a ceci d’intéressant qu’elle permet d’interroger les aspects extra-discursifs des pratiques journalistiques : les caractéristiques sociodémographiques des rédacteurs, leurs représentations du métier, des normes et des systèmes de valeurs, leurs conditions de travail et routines professionnelles ainsi que l’ensemble des facteurs politiques et économiques susceptibles de peser sur les entreprises et les produits médiatiques.
La lecture sociologique que propose par le trio Bulikash (entendez Bundjoko, Ligodi, et Kash), Interroge les traitements, les cadrages et les constructions sociales élaborés et diffusées par la presse au sujet de la campagne électorale relative à la présidentielle du 20 décembre 2023.
En 15 chapitres, qui sont en fait des réflexions sur la trentaine de caricatures et de chroniques produites par la Tembo Kash et Patient Ligodi, le livre décrit comment les discours médiatiques ont parfois été des supports d’informations mais aussi d’idéologies, dépassant largement les formats qui les caractérisent à premières vues.
Les auteurs matérialisent par-là la promesse d’une lecture sociologique, puisque les 15 réflexions explorent les imaginaires et les représentations de ceux qui ont la charge de la fixation et de la diffusion des faits historiques nationaux.
La seconde promesse faite et tenue par les auteurs, et sans doute la plus originale, la plus déterminante et la plus contraignante concerne la transposition, la superposition ou même la confrontation des écritures scientifique, journalistique et artistique.
A la croisée de ces discours, le livre du trio Bulikash) conjugue à la perfection la démolition des cloisons narratives entre ces trois domaines et réussit à rendre plus accessible des concepts scientifiques utilisés ici comme outils d’appréhension des matériaux journalistique et artistiques.
Le trio arrive tout d’abord, à associer l’austérité de l’écriture scientifique des enseignants Bundjoko et Ligodi, à la légèreté de l’écriture journalistique d’Actualité.cd.
En agissant de la sorte, ils arrivent à jeter un pont entre le monde académique et le grand public. Cette stratégie est particulièrement déployée dans l’introduction du livre où les auteurs expliquent, entre autres, la méthodologie qui a présidé à l’élaboration du livre, afin d’orienter les stratégies devant en guider la lecture.
A travers un vas et viens réussi entre notions et méthodes théoriques et applications empiriques, ce livre replonge le lecteur dans le souvenir de la campagne électorale, dont les actions les plus éclatantes sont contextualisées et scrutées plus profondément.
Le lecteur redécouvre des extraits des propos mémorables des candidats mis en relation avec des postures peu perceptibles dans le feu de l’action, mais dévoilées par une démarche sémio pragmatique savamment dosée.
L’ajout de la caricature à la combinaison « écriture scientifique – écriture journalistique » apporte une dimension ludique à la narration.
Habilement placées au début de chacune des 15 réflexions, mais pas seulement, la composante visuelle apportée par la caricature offre une approche créative nécessaire pour captiver l’attention du public et rendre les analyses scientifiques et les chroniques journalistiques plus mémorables pour le lecteur.
Elle souligne visuellement les moments clés de la campagne et met en évidence certains faits marquants ou certaines évolutions importantes que les deux précédentes formes de narration verbale n’ont suffisamment soulignées.
Tel par exemple le passage de TSHIVIT prescrit matin midi soir en 2018 à FASHI notre machiniste bétonné et blindé de 2023, à lire page 40,
ou alors la caricature du piège que constituaient les opérations de vote pour le journalistes fouineurs, reprise en page 263 et sur la couverture du livre.
En somme, l’ajout de la caricature aux écritures scientifique et journalistique favorise une meilleure compréhension et facilite la rétention des connaissances diffusées dans ce livre.
Les auteurs réussissent un parfait dosage du sérieux, du léger et de l’humour pour faire revivre un grand moment de démocratie certes, mais qui reste avant tout un rendez-vous national, une étape importante dans l’accomplissement d’un destin collectif que chacun espère et souhaite bénéfique pour tous.
Je terminerai mon propos par une citation des auteurs eux-mêmes en disant que ce livre « Sociologie du journalisme des problèmes publics à la croisée des discours carricature et élection présidentielle en RDC est une œuvre essentielle pour quiconque s’intéresse à la complexité de la sphère politique congolaise.
Sa lecture donne accès à un décryptage sociologique explicatif des dynamiques qui se développent au sein de l’espace public congolais autour des enjeux politiques impliquant Journalistes et opérateurs politiques.
Tout en félicitant les auteurs pour cette belle réalisation, je ne peux que vous en souhaiter à tous, bonne lecture.
J’ai dit et vous remercie !