Me Zéphyrin Zabo, avocat et auteur engagé, a présenté ce lundi son dernier livre intitulé “Stop au banditisme judiciaire de nos magistrats véreux : Le modus operandi dénudé ; Lettre objective au Magistrat suprême”, lors d’un vernissage au Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa/Gombe.
L’événement a été marqué par la récension de l’ouvrage par Me Charles Mushizi, directeur du Centre d’échanges pour des réformes juridiques et institutionnelles (CERJI) et défenseur des droits humains. Jean-Claude Katende, président national de l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO), a officialisé le baptême du livre, soulignant l’importance de cette publication pour la lutte contre la corruption judiciaire en République démocratique du Congo.
Parmi les panélistes, Patient Ligodi, journaliste et auteur du livre “Cadre légal des médias en RDC : acquis et défis en perspective”, a pris la parole pour saluer le travail de Me Zabo, affirmant que l’ouvrage met en lumière les dérives et les injustices auxquelles la justice congolaise est confrontée. Ligodi a également rappelé l’importance de la liberté d’expression et la nécessité de protéger les journalistes des accusations arbitraires, notamment l’utilisation de l’infraction de “propagation de faux bruit” pour museler la presse.
Cet événement a réuni des acteurs clés du secteur juridique, des défenseurs des droits de l’homme et des membres de la société civile, témoignant de l’urgence des réformes pour renforcer l’intégrité du système judiciaire congolais.
Voici le discours de Patient Ligodi
Mesdames et Messieurs,
Je suis ici aujourd’hui pour parler d’un livre qui éveille les consciences et soulève les cœurs.
Un livre qui, sans détour, met en lumière les défis et les combats auxquels nous faisons face : « Justice corrompue, volume 3 » de Zeph Zabo.
Cet ouvrage n’est pas simplement le fruit d’une indignation….c’est l’œuvre réfléchie d’un avocat respecté…d’un citoyen engagé …qui veut voir son pays avancer vers la justice et l’équité.
Zeph Zabo qualifie son livre d’« objectif ». Et il l’est.
Pas parce qu’il ménage ses mots, mais justement parce qu’il ne le fait pas.
Quand Zabo parle de banditisme judiciaire… de magistrats véreux, d’association de malfaiteurs, de corruption et d’impunité, il ne parle pas dans le vide.
Il met des mots sur ce que beaucoup ressentent,…sur ce que certains vivent chaque jour.
Il décrit une justice qui, au lieu de protéger, est parfois …corrompue, théâtrale, arbitraire.
Et ces mots, Mesdames et Messieurs, ils résonnent.
Ils résonnent parce qu’ils sont vrais.
Ils résonnent parce qu’ils touchent au cœur d’une réalité que nous ne pouvons plus ignorer.
Mais ce qui m’a le plus marqué dans cet ouvrage, c’est la réflexion sur la liberté d’expression.
Zabo met en lumière une infraction, l’infraction de propagation de faux bruit.
Une infraction que l’auteur qualifie de anachronique… utilisée comme une arme politique pour faire taire ceux qui ont le courage de s’exprimer – écrivains, journalistes, membres de la société civile.
Pour comprendre pourquoi cela est problématique, je vais aller voir les économistes et emprunter deux concepts.
Le concept d’information comme bien public et d’information comme bien sous tutelle.
L’information est un bien public, car elle est non rivale,…en clair sa consommation par une personne n’empêche pas sa disponibilité pour d’autres.
Elle est aussi non exclusive, c’est-à-dire parfois difficile à restreindre.
Cela signifie qu’elle doit être accessible à tous, car elle est essentielle à la démocratie.
Lorsque l’information est entravée, c’est la capacité des citoyens à s’informer et à participer au débat public qui est en danger.
Prenons un exemple concret : en période électorale, l’accès à une information libre et non biaisée est important pour que les citoyens puissent faire des choix éclairés.
Or, si l’infraction de propagation de faux bruit est utilisée pour intimider les journalistes qui enquêtent ou révèlent des faits gênants pour le pouvoir en place, l’information qui atteint la
population peut être biaisée ou incomplète.
Cela va à l’encontre du rôle de l’information en tant que bien public, un bien qui doit servir l’intérêt collectif.
D’autre part, l’information est un bien sous tutelle dans le sens où l’État a la responsabilité de garantir son accès et de s’assurer qu’elle est utilisée de manière à soutenir l’intérêt général.
Cela ne signifie pas que l’État doit contrôler l’information à sa guise, mais qu’il doit la protéger et la réguler pour qu’elle reste libre et de qualité.
Or, lorsqu’une infraction comme celle de la propagation de faux bruit est instrumentalisée pour réduire au silence certaines voix, l’État passe de protecteur à censeur.
Mesdames et messieurs,
Lors du vernissage de mon propre ouvrage sur le cadre légal des médias, j’ai entendu les engagements de Constant Mutamba Tungunga, notre ministre de la Justice.
Des engagements qui promettent de tourner la page de ces pratiques injustes :
• Créer une école de la magistrature, pour que nos magistrats soient mieux formés, mieux outillés et être davantage sensibles aux questions de liberté d’expression.
• Vulgariser les réformes, pour que chaque acteur de la justice comprenne et applique correctement les lois en faveur de la presse.
• Protéger nos journalistes, avec une promesse forte : toute arrestation arbitraire sera sanctionnée.
• Je n’oublie pas qu’il nous avait aussi demander d’Assainir le secteur de la presse, pour que la déontologie soit respectée et valorisée.
Ces promesses, nous devons les suivre.
Nous devons veiller à ce qu’elles deviennent réalité.
Parce que la justice ne peut pas être un privilège.
Elle doit être un droit. Et l’information doit être son garant.
Zeph Zabo, par ses mots et son engagement, nous rappelle que le chemin est difficile, mais que le changement est possible.
Alors, soyons vigilants. Soyons solidaires.
Et continuons à lutter pour une justice digne de ce nom, pour une information libre et pour une démocratie plus forte.
Je vous remercie.
1. Le prononcé dans le délai de la loi;
2. Le Visas du chef de la juridiction ;
3. Injonction de la hiérarchie (la hiérarchie a dit:…);
4. La main mise de la politique ;
5. La politique refuse de reconnaître le judiciaire comme le POUVOIR à part entière;
6. La prise en charge effective des l’appareil judiciaire ;
LA CONSCIENCE DES TOUT LES ACTEURS DE JUSTICE.